Il l’a annoncé en conférence de presse : cette fois ce sera sa dernière. Notre talonneur Raphaël Carbou tirera sa révêrance à la fin de la saison. L’occasion pour nous de revenir sur son parcours et de lui poser quelques questions…

Raphaël Carbou débute le rugby à l’Union Sigean-Port-la-Nouvelle avant de rejoindre le RC Narbonne. Il intègre ensuite le centre de formation de l’USA Perpignan, devenant au fil des années un pur produit de la formation catalane. Il portera les couleurs « sang et or » durant dix saisons dont six avec les pros. Il a notamment joué un rôle déterminant dans la conquête du titre de champion de France de Pro D2 en 2018, en étant titularisé lors de la finale face à Grenoble, au cours de laquelle il a inscrit un essai. Au total, il comptabilise 130 matches de Pro D2 et Top 14 sous les couleurs catalanes, pour 13 essais enregistrés.
En 2020, Raphaël Carbou rejoint l’US Carcassonne. Titulaire régulier, il s’impose comme un élément incontournable lors de la saison 2022– 2023. Une position au sein de l’effectif qu’il conforte avec la descente du club en Nationale : il devient l’un des « papas » du groupe, mais pas seulement ! Sur le plan statistique, il inscrit 10 essais en 26 matches, ce qui fait de lui le meilleur marqueur du club cette saison-là. Il confirme son efficacité la saison suivante en marquant de nouveau 10 essais. À 32 ans, et après cinq saisons pleines d’engagement sous le maillot carcassonnais, Raphaël mettra un terme à sa carrière à la fin de l’exercice en cours. Désormais, il se consacrera à sa seconde vocation : le métier de kinésithérapeute, et reprendra le cabinet de son père. Il laissera l’image d’un camarade hors norme sur la pelouse comme en dehors, un joueur déterminé et respecté ayant marqué l’USAP et l’US Carcassonne par son engagement. Entretien.
Raphaël, difficile à croire aujourd’hui, mais tu as débuté le rugby au poste de numéro 8. Depuis, tu as été repositionné talonneur. Qu’est-ce qui t’a fait basculer de l’arrière du pack à l’endroit où ça chauffe le plus ?
Les responsables du Pôle Espoir à Béziers, Stéphane Ferrière et Christophe Chollet, m’ont suggéré de changer de poste en raison de mon physique et d’autres qualités. La transition s’est faite assez rapidement : six mois plus tard, j’étais en équipe de France jeunes au poste de talonneur. Ça a tout de suite matché !
Tu as eu la chance de découvrir le Top 14 avec l’USAP, en figurant sur 23 feuilles de match. Que peux-tu nous dire de cette expérience au plus haut niveau du rugby français ?
Je retiens l’excellence rugbystique. Tu affrontes les meilleurs joueurs de la planète, tu joues dans les plus beaux stades. Pour rivaliser avec ces équipes, tu dois être à 120 % pendant 80 minutes. J’ai beaucoup appris, c’était très enrichissant.
Raphaël, tu as fait tes débuts à Carcassonne en 2020, après plusieurs années à l’USAP. Qu’est-ce qui t’a motivé à rejoindre l’US Carcassonne à ce moment-là ?
J’ai quitté l’USAP l’année du Covid, une saison particulière qui ne s’est pas terminée. Je ne voulais pas quitter la région, donc Carcassonne m’a parlé tout de suite. Christian Labit et Mathieu Cidre m’ont appelé , je les connaissais par personnes interposées, et le feeling est passé rapidement, naturellement. Mon intégration au club s’est très bien déroulée, et c’est ce que j’ai énormément apprécié. C’est un club familial. Le contexte sportif et financier est différent de celui de l’USAP, mais j’y ai trouvé des valeurs et des choses plus simples. Ça m’a fait beaucoup de bien.
En tant que joueur expérimenté, comment évalues-tu l’évolution de l’équipe au cours des dernières saisons ?
Sur mes deux premières années, j’ai senti un groupe monter en puissance, jusqu’au match de barrage contre Nevers. Ensuite, il y a eu une saison plus délicate, avec ce scénario cruel qui nous fait descendre en Nationale. Ça a été très dur à encaisser. Depuis, on est en reconstruction.
Y a-t-il un match ou une rencontre particulière à Carcassonne qui restera gravée dans ta mémoire ?
Le match contre Bayonne reste un moment fort des années en Pro D2. Et puis, l’an dernier, la demi-finale contre Narbonne a été incroyable. Le quart de finale à Domec aussi. J’espère qu’on connaîtra encore un moment fort cette année.
Après cinq saisons à l’US Carcassonne, tu as annoncé ta retraite à la fin de cette saison. Quels sont tes sentiments face à cette décision ? Est-ce un choix difficile à faire ?
C’est une décision difficile, oui, forcément. On vit de notre passion, on est des privilégiés, et parfois on ne mesure pas la chance qu’on a.
Depuis tout jeune, je voulais devenir kiné, et ce métier me plaît beaucoup. Le moment est venu d’arrêter. J’ai tout donné, que ce soit pour Perpignan ou Carcassonne.
Qu’est-ce qui te manquera le plus dans ta vie de rugbyman ?
(petite hésitation) Ce qui me manquera le plus, ce sont les matchs. Je prends énormément de plaisir à chaque rencontre. Entendre le coup de sifflet, ça va manquer.
Ce qui te manquera le moins ?
Les tests physiques !
Merci Raphaël.